C'était pourtant un matin clair
Bon déjeuner, petit salaire
La mer en huile, deux gars, deux frères
Par une journée ben ordinaire
La barge ancrée l'aut'bord du dock
Les manigots, la graisse de phoque
Les rames à l'eau qui s'entrechoquent
Un p'tit bateau pour un grand choc
Jour de lavage, le téléphone
Un grand silence qui pèse une tonne
Ma mère en pleurs, cœur qui résonne
Comme un tambour, un glas qui sonne
Personne a vu, personne peut dire
La barge en vue, Freddy chavire
Deux naufragés c'est du délire
Couchés su'a grève, cauchemar le pire
Village tranquille, musique en berne
Un Noël blanc, un sapin terne
Reprendre ses sens, cacher les cernes
Une p'tite lueur dans une lanterne
À journée longue, en épouvante
Une vieille, un vieux, ruminent et chantent
Pour oublier, que dehors y vente
Usent les châteaux des chaises berçantes
Bercer, bercer chanter plus fort
Briser l'ennui jusqu'à l'aurore
Les cordes vocales comme des amarres
Au quai du cœur qui chante encore
Une triste histoire, un bout' d'enfer
R'trousser ses manches, pis s'donner d'l'air
R'monter la côte en plein hiver
Y faut chanter plus fort que la mer
Y faut chanter plus fort que la mer
Pour rattraper le temps qui passe
Pour éloigner les peines, les misères
Chanter, chanter plus fort que la mer
Des musiciens, de bons vivants
Un bord de mer et des courants
Des guitares neuves et des chansons
Comme des bouées pour les saisons
Y faut chanter plus fort que la mer
Pour rattraper le temps qui passe
Enfin dominer sa colère
Chanter, chanter plus fort que la mer
Y faut chanter plus fort que la mer
Pour rattraper le temps qui passe
Pour éloigner les peines, les misères
Chanter, chanter plus fort que la mer
Chanter plus fort que la mer...