""Les enfants n'ont pas sous leurs pieds Le dessin des chemins tracés Ni même sur leurs joues de beauté Les abîmes du temps trop pressé Si les enfants ne dorment pas C'est pour mieux voir le fil de soie Les enfants prennent la lumière Comme des emblèmes réfectoires Ils ont dans les yeux l'univers Telle une muse, tel un espoir Si les enfants n'entendent pas C'est que l'on chante un peu trop bas Les enfants nous crachent le vrai Sans l'ultime laideur de l'orgueil Ils se détachent de nos plaies Nous abandonnant sur le seuil Si les enfants sont des rois C'est que la blessure fait le poids Les enfants déballent le monde Comme un cadeau, comme un joyau Ils ont dans le cœur une sonde Pour n'être témoins que du beau Si les enfants demandent pourquoi
C'est pour entendre un peu nos voix Les enfants détestent l'ennui Autant qu'ils conjurent d'être en vie Ils se défilent, ils se délient Ils assassinent l'interdit Si les enfants n'arrêtent pas C'est pour un peu faire fi du froid
Les enfants dessinent autour d'eux Une muraille d'éternité Ils savent lire au fond des yeux Les pires secrets les mieux gardés Si les enfants n'en parlent pas
C'est qu'ils sont très vieux déjà Petite fille pas comme les autres Toi que le monstre prend pour apôtre Je sais que tes jours sont fragiles Et que la bête est bien habile Mais je t'appellerai Calista
Encore dans quarante ans de ça
Le jour où tu viendras chez-moi
Me raconter ta vie à toi""