C'était il y a des lustres il y a belle lurette
Les dieux étaient aigris morgueux et trouble fête
Aux hommes médusés ils avaient déclaré
De feu serez privés car vous nous déplaisez
Et sous notre œil glacé vous pouvez vous les g'ler
C'était il y a des lustres il y a belle lurette
Les hommes étaient tremblants des pieds jusqu'à la tête
C'est alors qu'apparut un grand gars rigolo
Qui leur dit : "Mes amis, ravalez vos sanglots
Je m'appelle Prométhée, je sais où est le feu
J'irai vous le voler mais en guise d'adieu
Prométhée moi d'en faire bon usage
Prométhée, Prométhée le moi"
Et c'est depuis ces lustres depuis cette lurette
Que chaque soir au dîner un grand aigle rouspète :
"Du foie, toujours du foie j'en ai jusqu'au gésier !"
De leur côté les hommes se sont réchauffés
Quand furent rassasiés se mirent à réfléchir
"Le feu maintenant qu'on l'a, va falloir le nourrir"
Prométhée moi d'en faire bon usage
Prométhée, Prométhée le moi
Et voilà bien des lustres voilà belle lurette
Que les hommes embrasés consument la planète
Ils ont brûlé les livres, les forêts, les sorcières
Mis l'huile sur le feu, le feu à la tanière
Feux de paille, feux de joie, de Saint Jean, d'artifice
À coups de lance flammes Rome et Persepolis
Prométhée moi d'en faire bon usage
Prométhée, Prométhée le moi
Il n'y a plus de lustres, il n'y a plus de lurette
Sur la terre calcinée se termine la fête
Faute de combustible et le froid l'envahit
Et le soleil lui même lentement s'obscurcit
Sur mon baril de poudre me reste une allumette
Je vous promets d'en faire bon usage
Prométhée je vous le promets !