On a parfois le cœur soulevé par la sauvagerie du monde
On est écœuré par la montée d'nouvelles tyrannies
Le raffinement des anciennes
Par les mensonges
L'odeur du fumier dans les villes
Et l'horreur qui pèse sur tous nos lendemain
On s'engloutit alors dans un sombre désespoir
On a peur, on a honte
Et on est triste d'être humain
On réclame en pleurant une naissance nouvelle
Ou du moins l'admission par baptême dans une nouvelle confrérie
Mais on redoute de n'pas pouvoir obtenir ni l'une ni l'autre
Que le monde refuse de s'arrêter pour nous
Et qu'on ne peut que le quitter, d'un bond
Pour plonger dans une douteuse éternité
Notre foyer lui-même nous semble hostile
Comme si tous les talismans qui définissaient notre identité
S'étaient retournés contre nous
On se sent déchiré et en pièces et en morceaux
On comprend alors avec terreur que si on n'peut pas s'asseoir
Pour réunir ces morceaux et les assembler à nouveau
On va devenir fou
Mais parfois se produit pourtant une manière
D'événements mystérieux et éblouissants
Qu'on contemple encore longtemps après
Et avec un émerveillement mêlé du respect qu'impose le sacré