La maison de mon cœur est prête :
Dans la chambre du Souvenir
II n'est plus rien que je regrette ;
Amour nouveau, tu peux venir !
Par les actives mains des servantes rieuses
Que sont ta Grâce et ta Beauté,
Mon vieil amour défunt aux caves poussiéreuses
Vient d'être porté.
La maison de mon cœur est prête :
Dans la chambre du Souvenir
II n'est plus rien que je regrette ;
Amour nouveau, tu peux venir !
Au creux des urnes d'or que mes doigts avaient closes
Sur les cendres des jours passés,
Des bouquets de lilas d'orchidées et de roses
Ont été placés.
La maison de mon cœur est prête :
Dans la chambre du Souvenir
II n'est plus rien que je regrette ;
Amour nouveau, tu peux venir !
Je viens d'épousseter les douleurs résignées,
Regrets d'antan, deuils d'autrefois,
Qui, lentement, tissaient leurs toiles d'araignées
Aux coins des parois.
La maison de mon cœur est prête :
Dans la chambre du Souvenir
Il n'est plus rien que je regrette ;
Amour nouveau, tu peux venir !
Et, pour que tout soit neuf en la chambre amoureuse,
J'ai fait un lit de mon désir ;
Puisses-tu, bonne Muse, y être assez heureuse
Pour n'en plus partir !...
La maison de mon cœur est prête :
Dans la chambre du Souvenir
Il n'est plus rien que je regrette...
Amour nouveau, tu peux venir !