C'était un petit, tout petit voilier
Un petit bateau de pêche
On l'avait bâti d'un bout de papier
Et d'un vieux noyau de pêche
Dans un petit port entre deux roseaux
On l'avait mis à l'amarre
Il appareillait dès qu'il faisait beau
Pour naviguer sur la mare
Mais un jour le petit bateau fit un rêve
À son tour
Il voulut entreprendre un voyage au long cours
Alors il s'en fut magnifiquement
Tout là-bas vers les tropiques
La vie qu'il menait lui donnait vraiment
Des idées misanthropiques
En l'apercevant, chaque nénuphar
Craignait qu'un malheur n'arrive
Et le ver luisant qui servait de phare
Lui criait "rejoins la rive"
Mais il répondit d'un air malséant
"Je ne crains pas les déboires!"
Aussi bien le fleuve et les océans
Ce n'est pas la mer à boire
Quel plaisir
De voguer ainsi sur les ondes
Quel plaisir
De pouvoir naviguer au gré de son désir
Le ciel est tout bleu et le vent léger
Tous ces braves gens divaguent
Je me moque bien d'ailleurs du danger
Car je n'ai pas peur des vagues
Il ne savait pas qu'à côté de lui
Un canard faisait trempette
Pour notre bateau qui était si petit
Cela fit une tempête
Et rapidement je vous en réponds
Les événements se gâtent
L'eau s'est engouffrée dans les entreponts
Adieu la jolie frégate
"Sauve qui peut!"
Criait le navire en détresse
"Sauve qui peut!"
Je ne vais plus jamais revoir le beau ciel bleu
Et tout en pleurant sa vie d'autrefois
Le petit bateau chavire
Ça prouve qu'il faut demeurer chez soi
Quand on n'est qu'un petit navire