J'ai pris ton stylo
J'ai pris un moment
J'ai mordu ma lèvre
Au sang
J'avais le coeur gros
Comme un firmament
Gros comme mes rêves
D'avant
Penchée sur la page sans rature
Rédigée par la secrétaire
D'une firme aux quatre noms
Aux consonances étrangères
Penchée sur la ligne de signature
Le geste en suspension
L'encre levé prête à fuir
Une crampe dans
Le creux de la main
Et une autre dans
Les reins
J'savais plus mon nom
Découpé du tien
Étourdis par mon
Chagrin
Penchée sur cette feuille aux allures de testament manigancé
Qu'on fait signer à de pauvres gens faibles et déroutés
J'perdais la raison
Je cherchais la façon de te haïr
L'encre prête à tout salir
Le poignet crispé
J'ai relevé ma manche
Ma main moite était toute blanche
J'ai regardée le papier
Les phrases était flou
J'ai sentie flancher
Mes genoux
Fallait-il que je signe à l'envers
Ce que j'avais signé à l'endroit
Une petite griffe en antidote
À celle du vieux contrat
T'attendais ma goutte d'encre
Pareil comme on attend noël
D'l'impatience plein les semelles
J'ai levée les yeux
Jusque dans tes yeux
J't'ai fixée une bonne fois pour voir c'qui m'restait d'espoir
J'ai mis ton stylo
Sur le papier rude
Le traité de solitude
J'ai signée mon nom
À coté du tiens
Je me suis forcée
La main
Ta repris ton stylo
Puis ton document
C'était l'heure de s'dire au revoir mais on savait plus trop comment
Ta pris ton manteau
Ta pris un moment
Ta mordu ta lèvre
Au sang
T'avais l'air émue
Comme les yeux dans l'eau
J'ai sûrement mal vu
Sûrement