L'ÉPOUSE:
Je suis lasse et pourtant je suis belle
Filles de mon pays
Je suis lasse et pourtant je suis belle
Filles de mon pays
Comme une maison de pierre, comme une tour de pendaison
Comme une maison de pierre, comme une tour de pendaison
Ne regardez pas les cernes de mes yeux
J'ai trop passé de nuits à attendre l'amour
Ne regardez pas les cernes de mes yeux
J'ai trop passé de nuits à attendre l'amour
Des frères étrangers m'ont chassé de chez moi
Ils ont pris ma maison, ils ont changé son nom
Et ils m'ont obligée à garder leur demeure
L'ÉPOUX:
Je suis celui qui crie le nom de chaque pierre
Je suis celui qui crie le nom de chaque nom
J'écris avec mon sang ton nom sur chaque pierre
Je porte avec le temps la pierre de ton nom
Il fait si froid ici sans anges et sans femmes pour nous aimer
Il fait si noir ici sans flammes et sans rêves pour nous guider
L'ÉPOUSE:
Mon amour est sur moi, il repose
Sur mes seins, il a posé sa tête
Je porte accroché à mon cou le poids de son sommeil
Comme un médaillon de perles de couleur
Ne réveillez pas mon amour
Ne réveillez pas mon amour
Ne réveillez pas mon amour
Avant qu'il ne le veuille
Je me suis assise dans son verger
J'ai cueilli ses fruits avec ma bouche
Il a dressé son étendard entre mes mains ouvertes
Et m'a ensevelie sous le poids de l'amour
Une fièvre divine me soutient et m'exalte
Je grelotte de mots, de cris et de musique
Je vous en prie, filles de mon pays
Je vous en prie, filles de mon pays
Par les sarcelles et les chevreuils des bois
Par les sarcelles et les chevreuils des bois
Ne réveillez pas mon amour
Ne réveillez pas mon amour
Ne réveillez pas mon amour
Avant qu'il ne le veuille
L'ÉPOUX:
Ah... que tu es belle, mon amour,
Ah.... que tu es belle
Ah.... tes yeux
Ah.....sont des agates portées par la marée du matin
Ah.... tes cheveux
Ah... des touffes de bleuets qui tremblent dans le vent
Ah....tes dents
Ah....sont pareilles
Ah....à la côte
Ah....qui borde
Ah....le Grand Fleuve
Ah... tes lèvres, une coulée de sable
Des plages
Maritimes
Tes joues
Deux pommes sauvages mûries à l'ombre des rochers
Ton cou
Comme un mur de pierres ceinturant la forteresse de nos ancêtres
Tu es belle, mon amour,
Et blanche, comme la première neige
La solitude t'a endormie
Je ne veux plus que tu me cherches
Réveille-toi à mon désir
Car je te veux pour femme
Je ne veux plus attendre
Chacun, de tes regards
Est déjà un combat
Chaque perle de ton collier
Une victoire
L'arôme de ton parfum soignera les blessures
Ta bouche sera ma bouche
Tes lèvres distilleront les mots et la musique
À faire monter dans mon cœur
Ta langue chassera ma fatigue
Je me nourrirai d'elle et je n'aurai plus jamais
Faim
L'ÉPOUSE:
Je suis comme un jardin fermé
Aux quatre murs de ton passé
Je fais de toi le prisonnier
D'un avenir que rien ne presse
Oui, j'ai des seins comme des tours
Montant la garde nuit et jour
Sur le sommeil de notre amour
Et sur l'éveil de ma tendresse
Je suis comme un jardin fermé
Aux quatre coins de ton passé