On était une poignée
De jeunes rhinocéros
Aux belles cornes soignées.
On lorgnait d'un il féroce
Des moutons, des crânes creux,
Résignés, bêlants, dociles
De vrais imbéciles heureux,
De vrais imbéciles.
(bis)
Du matin jusqu'au matin
Et de la cruche à la cruche,
Sous les lampadaires éteints
On éclatait des baudruches,
Des soumis, des liquoreux,
Des placeurs de mots faciles,
Des vrais imbéciles heureux,
Des vrais imbéciles.
(bis)
On se comptait sur le poing,
On pleurait de pas grand-chose,
On riait de tout, de rien
En ces temps dont je vous cause,
Et moins on était nombreux
Plus on était invincibles
Face aux imbéciles heureux,
Face aux imbéciles.
(bis)
Certains de nous ont vieilli,
Certains se sont effacés,
Quelques Judas ont trahi
D'autres se sont fait passer
Des menottes d'amoureux
Pour un battement de cil
Comme des imbéciles heureux,
Comme des imbéciles.
(bis)
Quelques paléontologues,
Un jour, sortiront de terre
Des rires d'ancienne vogue
Aux pieds de nos réverbères.
Je les entends dire entre eux,
En découvrant nos fossiles :
Tiens ! Des imbéciles heureux,
De beaux imbéciles.
Tiens ! Des imbéciles heureux,
De beaux imbéciles.
(bis)