Avec ce soleil on avait envie de ne pas parler
De boire la vie à petites goulées
Sous le Ciel superbe
Le long du talus, mâchant un brin d'herbe
Et jupes collées elle regardait
D'un air triomphant ce jeune homme imberbe
Ou encore presque enfant qui la désirait
Il aurait fallu
Presque rien, peut-être un geste de lui
Un sourire d'elle
Qui lui dise "viens"
Il aurait fallu presque rien, peut-être
Qu'un oiseau s'enfuie
Avec un bruit d'aile
Pour que tout soit bien
Pour que par-dessus le toit de l'usine le long des murs gris
Pour que par-dessus la route voisine et ses pavés gris
Pour que par-dessus toutes les collines
Pour que par-dessus toutes les forêts
Pour que monte au ciel sans cloche et sans noce
Un amour de gosse qui purifierait
Mais c'étaient déjà
Deux enfants durcis qui ne croyaient plus
N'avoir à ce dire
Que les mots des grands
Que la vie déjà broyait sans merci
Qui ne savaient plus ni rêver ni rire
Cœur indifférent
Et ce jour encore le log du talus
Les coquelicots avec les bleuets
En vain attendirent une main cruelle
Qui les cueillerait