Aujourd'hui la neige revient
Les froids du Nord, les vents malins
Après quelques mois de répit
Un nouveau royaume prend vie
Une saison sans ta présence
C'est fou combien pèse l'absence
Une saison avec en plein cœur
Un bouquet de tristes douleurs
Tu sais, je suis comme un enfant,
Abîmé par le poids du temps
J'évite manèges et feux de joie
Oui, j'avoue, j'ai perdu la foi
Encerclé par d'immenses arbres
Mon cœur est maintenant fait de marbre
Et chaque nouvelle saison
Me laisse un goût de trahison
La mémoire est un spasme étrange
Une pulsion mouvante qui change
Abîmée par le mouvement
Des jours, des mois, au fil des ans
On se convainc de ceux qu'on aime
Entre doux souvenirs et haines
On se répare tant bien que mal
On ferme les yeux et on avale
Je quittais pour les Amériques
Et tu étais ma république
Avec toi sur ma caravelle
Jusqu'à ce que mon courage chancelle
Je portais fièrement mon drapeau
Comme une nation sur mon dos
Je ne voulais qu'être avec toi
D'Argentine au Venezuela
Mais le destin m'a rattrapé
Je me suis trouvé propulsé
Trop tôt, trop vite, trop au nord
Mauvaise adresse, mauvais port
Je croyais maîtriser la chance
Je suis seul en Nouvelle-France
Je voulais l'été, vient l'hiver
À cela, je ne peux rien y faire
Toi mon amour, toi ma jeunesse
Je pense à toutes nos caresses
À ton corps noyé de beauté
À cette peau belle à croquer
Tu es l'été et moi l'hiver
Il faut courir vers ta lumière
Les belles années passent vite
C'est pourquoi il faut qu'on se quitte
Je t'aime, je t'aime, je t'aime, je t'aime
Je t'aime, je t'aime, je t'aime, je t'aime