Ma vie est une mer d'huile
Qui cache le tumulte
Comme au cœur de la ville
J'y dors, j'y meurs, j'y lutte
Les voiliers me déchirent
Et dans mon pur miroir
De grands oiseaux se mirent
Et mouillent leurs ailes noires
C'est une mer étrange
Où je suis étrangère
C'est comme l'enfer de l'ange
De l'orphelin, mon frère
Mes tempêtes réveillent
L'obsidienne des soirs
Sous mes volcans sommeillent
Les dangers, les espoirs
La mer, c'est mon visage
Dont on voit au lointain
L'absolu paysage
Sous la Lune d'étain
Je porte les héros
Je nourris les requins
J'inspire les Boléros
Les Juans Arlequins
Soudain, c'est un corsaire
Qui m'aborde et qui plonge
Dans mon corps vulnéraire
L'essentiel de ses songes
Ou c'est une banquise
Qui, au lieu de s'y fondre
Fait de moi la conquise
La gonflée, la profonde
Mais la mer, c'est surtout
L'immense solitude
Que je cherche partout
Sous toute longitude
Dans son air immobile
Je veux laisser la trace
De la fusée qui file
Vers la planète Mars
Je ne veux que cyclones
Je ne veux que reposer
Sous la caresse jaune
D'un soleil explosé
Ma vie est une mer d'huile
Qui cache le tumulte
Comme au cœur de la ville
J'y dors, j'y meurs, j'y lutte